Biographie
Ma vie en 55 photos
1974 – Dans mes souvenirs les plus lointains, je joue de la flûte à bec à l’âge de quatre ans avec ma mère et mes frères et sœurs. Sur cette photo, j’ai déjà sept ans et joue sur une flûte alto presque aussi grande que moi. Ma mère, Elisabeth Sieg, a enseigné la flûte à bec durant de nombreuses années.
1978 – Mon grand-père Heinrich Paff m’a donné des cours de violon jusqu’en 1978. C’était un violoniste et professeur passionné, qui a dirigé pendant plusieurs décennies son propre orchestre de chambre. Lors de son 90ème anniversaire, il jouait encore en quatuor avec ses amis et me racontait que son propre grand-père dirigeait déjà le chœur d’homme de Hameln.
1984 – C’est à l’occasion du workshop pour jazz, rock et musique nouvelle que je fais la connaissance du compositeur et pianiste hollandais Ronald Poelman. En 1985 et 1986, nous nous produisons en duo piano-saxophone, lui au piano, moi au sax alto. Nous adorons Stravinsky, Jan Garbarek et Keith Jarrett, nous jouons également nos propres morceaux et improvisons au gré du public. Sur ces photos de 1996, nous préparons le concert Kunst der Fuge (Art de la fugue). En 2017, son quatuor de pianos Tastissimo exécute deux de mes œuvres pour la première fois : The Circle, pour huit mains sur deux pianos, et Siku siyo mbali, pour huit mains sur un piano. Il m’a toujours encouragé sans relâche et sans cela, je ne serais probablement jamais devenu compositeur.
1985 – Stage et travail en free-lance pour le quotidien taz. Pendant le débat télévisé de NDR, l’animatrice lit devant Udo Lindenberg stupéfait un passage de ma violente critique sur son dernier disque. La majorité des courriers de lecteurs que je reçois concerne ma glose « Comment je suis devenu féministe », dans laquelle je décris comment, depuis mon déménagement à Hambourg, j’ai été pris en permanence pour une femme. Cette confusion me poursuivit les 20 années suivantes.
1986 – Le 1er octobre, Heiko Streck, Frank Deutsch, Dirk Wildgruber et moi interrompons notre service civil afin de protester contre le service militaire obligatoire. L’enterrement du service obligatoire s’achève par un concert de bienfaisance dans la fabrique, avec Abi Wallenstein, Hans Scheibner et Die Goldenen Zitronen. Je n’ai jamais approché le punk d’aussi près. Plus tard, le télé-journaliste Enger tourne le film Der unbequeme Weg qui traite de notre groupe Les Déserteurs.
1987 – Pendant mes études de politique et sociologie, j’accompagne aussi au piano des spectacles de cabaret à Hambourg, avec Monty Arnold, Annette Mayer, Lilli Walzer, Nana Gualdi, Joe Luga, Anneliese Braasch, Gisela Krebs, Renate Howe, Gerd Samariter, Circe, Henry Schönewald et Ilse Werner. Et je ne tarde pas à connaître toutes les chansons de Brecht, Kreisler et Tucholsky par cœur !
1989 – Avec Monty Arnold dans la Mainzer Unterhaus. Je l’accompagne lors de nombreuses tournées et joue avec lui pour l’anniversaire de Ralph König à Cologne où je suis le seul hétéro parmi 300 homos. L’apogée de nos exploits de comédiens est la synchronisation en direct de quatre courts-métrages de Stan Laurel et Oliver Hardy, suivant la tradition de la série de ZDF : Monty est à la fois narrateur, voix de tous les personnages et bruiteur, et moi j’accompagne au piano. Nous jouons le programme dans tous les grands cinémas hambourgeois, et même une fois en open-air sur la place de la Mairie. La tempête et la grêle font rage mais nous jouons quand même, devant une dizaine de spectateurs emmitouflés dans des couvertures et ponchos de pluie.
1990 – Le 14 décembre, après un concert du Kronos Quartet dans la Johanniskirche de Harvestehude, je décide d’abandonner les sciences sociales et de poser ma candidature à l’école supérieure de musique de Hambourg. Je réussis l’examen d’entrée de justesse car les professeures de chants Kirchner et Rauschnabel trouvent ma voix « trop haute ». Je remercie les formidables professeurs qui m’ont fait cours entre 1991 et 1996 : Karl-Heinz Girgensohn (piano), Wolfgang-Andreas Schultz (composition), Thomas Arp (batterie), Anne Ubbelohde (direction de chœur), Hans-Georg Lotz (syntaxe), Dieter Einfeldt (morphologie) et Wilfried Jochens (chant), lui-même ténor dans les très hauts tons (ici sur la photo). C’est de mes années à l’école supérieure que traite mon premier roman Das Milchstraßenpalais qui, malgré les efforts de Karin Graf, n’a jamais été publié.
1991 – L’univers du cabaret hambourgeois au début des années 90 (de gauche à droite) : Friedhelm Mönter (animateur NDR 90,3), Eddy Winkelmann (chanteur et parolier), Gabriel Laub (satiriste), Anneliese Braasch (diseuse en bas-allemand), Annette Mayer, moi, Erika Lill (directrice du Spectrum), Günter Harte (chroniqueur à l’Abendblatt pendant plusieurs dizaines d’années), Nana Gualdi (star des années 50, son plus gros tube : Junge Leute brauchen Liebe), et à genou en haut de l’escalier le chansonnier Joe Luga que je vénère particulièrement. Au moment de la mort de Gabriel Laub en 1998, je remporte le prix de l’amicale des auteurs hambourgeois grâce à ma satire Die Jury. Malheureusement, la succession interdit rétrospectivement l’utilisation du nom de Laub.
1992 – Annette Meyer remporte les prix Boy-Gobert et Ralf-Benatzky. Les années suivantes, nous partons en tournée ensemble et nous nous produisons avec Ich kann mir nicht helfen, ich finde mich schön! et Als der Zirkus in Flammen stand durch die Republik. En 1997, j’écris pour elle le programme Oder was erwarten Sie von einer Chansonette? Je n’oublierai jamais la tête de Götz Alsmann lorsqu’Annette lui annonce qu’elle souhaite que ce soit moi et non lui qui l’accompagne pour son show télévisé.
1993 – C’est avec mon ami d’études Michael Staudacher que j’interprète pour la première fois en concert Die Rückkehr der Heiligen Drei Könige nach Sevilla pour piano à quatre mains, mon seul morceau entièrement bitonal dans la tradition de Darius Milhaud. Peu après, Michael s’est expatrié en Corée du Sud pour enseigner la musique à l’école allemande de Séoul.
1994 – C’est pour l’ensemble Flûtes en bloc (Anette Bahe, Ebba-Maria Künning-Zeijl et Corinna Fröhlich) que j’écris mon tout premier morceau africain, le African Song, d’après un motif de la chanson Toomus Meremereh nor Good de S.E. Rogers (Sierra Leone). Ce morceau donne naissance à ma première Suite Africaine Djaboué, parue l’année suivante aux éditions Tonger de Cologne.
1995 – En août 1995, LaLeLu donne son premier concert dans le cadre du concours a-cappella de « Jugend kulturell ». Notre programme Die musikalische Bilanz des 20. Jahrhunderts remplit toute la soirée. Toutefois à l’époque, notre groupe s’appelait encore Singapur et notre programme a cappella ohne Tabus. Mais vous pouvez constater que nous nous sommes bien amusés !
1996 – Pina ya phala, ma deuxième Suite Africaine pour trio de flûtes à bec, paraît aux éditions Moeck. C’est à ce jour mon morceau le plus connu et il est enregistré sur 4 CD. Voici un extrait de la préface : « Pina ya phala n’est pas un morceau purement africain. J’y associe plutôt les motifs typiques d’Afrique noire (phrases courtes et mélodieuses, répétitions fréquentes, accords parfaits majeurs, rythmes vivants) aux techniques de compositions typiquement européennes (variation, contraste, développement et polyphonie). Je souhaitais réunir le détachement joyeux de la musique africaine et la tension dramatique de la musique européenne ». Aujourd’hui, cette idée fondamentale n’a pas changé. En tswana, Pina ya phala signifie musique de flûte, ou danse des antilopes.
1997 – Pendant mes études de musique, je fonde et dirige quatre chorales qui chantent encore aujourd’hui : d'accord (aujourd’hui Die Chorallen), les Vocal Heroes, The Voices Bergedorf et les Swingtonics (ici sur la photo). J’ai écrit pour mes chœurs des centaines d’arrangements vocaux de mes chansons favorites de pop et de jazz. Mon arrangement préféré reste Moon river, que nous chanterons souvent avec LaLeLu. J’ai toujours Audrey Hepburn devant les yeux, pour moi elle est la plus belle femme du 20ème siècle.
1998 – Nous nous achetons ce grand bateau gonflable rose pour notre troisième programme New York, Rio, Büdingen. Nous tenons la ville de Büdingen (Hesse du nord) d’un pamphlet de Robert Gernhardt, et Der lange Weg nach Büdingen (Le long voyage à Büdingen) sera ma première satire chorale romantique pour LaLeLu. Plus tard Tobi, notre basse, fait la connaissance d’une très belle femme de Büdingen et l’épouse. Et en 2017, le SPD fait de la pub pour son candidat charismatique Martin Schulz avec le slogan New York, Rio, Würselen.
1999 – Le marathon Lange Anna! Afin de sauver le stack Lange Anna d’Helgoland, qui menace de s’effondrer, nous chantons avec LaLeLu notre hymne à Lange Anna 42,195 fois en un seul jour, à 42 endroits différents de Hambourg : du Michel au refuge pour sans-abris, du jardin d’enfants au musée d’art érotique, du Cinemaxx à l’enclos des pingouins du zoo de Hagenbeck. Trois équipes nous devancent pour préparer la sono, Torge Bollert de Bidla Buh fait chauffer l’ambiance chez les spectateurs, six équipes TV nous suivent en voiture. À 19 heures, à la piscine Holthusenbad, je n’ai plus de voix. Je la retrouve à 21 heures au port de Harbourg. Pour la dernière entrée en scène, nous ne chantons que jusqu’à la mesure 31 pour arriver à exactement 42,195 concerts. En tant que compositeur, j’avais la mission spéciale d’écrire pour notre maxi-CD trois chansons qui parlent uniquement d’un rocher. Le jeu en valait la chandelle : Le Lange Anna est toujours là !
2000 – Leider sehr gut - die Show der Superlative : Notre quatrième programme déclenche notre percée ! Dans HSV, du grüßt von ferne, nous chantons dans un mouvement de chœur romantique notre souffrance relative à la performance de notre club de foot traditionnel de Hambourg. Je n’ai jamais écrit de chanson qui reste toujours aussi actuelle que celle-ci. Il faut juste changer de temps en temps les noms des attaquants et des entraîneurs.
2002 – Après le prix de l’arrangement vocal de l’Office Culturel de Hambourg, le prix de la « Lüdenscheider Lüsterklemme », et celui de la « St.Ingberter Pfanne », nous remportons en 2002 le prix thuringeois du spectacle de cabaret ! L’oscar représente le prince du théâtre thuringeois George II qui était directeur du théâtre, metteur en scène, décorateur, politicien culturel, et duc de Saxe-Meiningen. Aujourd’hui, il trône encore sur mon piano !
2003 – Große Kunst. Für sehr viel Geld, voilà le nom de notre cinquième programme. Mon rôle de parade : Florian Clüver, qui, dans une grande ballade en play-back, proteste héroïquement contre le play-back. De nombreux spectateurs sont tellement habitués au play-back qu’ils ne remarquent même pas que je ne chante pas et que le groupe joue tout seul.
2004 – Weihnachten mit LaLeLu (Noël avec LaLeLu) sera notre programme le plus long et joué pendant le plus longtemps : un plaisir sans limites ! Ayant grandi entouré d’une mère passionnée de Noël et d’un père haïssant Noël, j’étais prédestiné à traiter de ce sujet. Je contribue également au programme de Noël de Bidla Buh avec quatre numéros, et en 2012 j’écris pour l’Anthologie de Noël satirique de Dietman Bittrich (chez Rowohlt) : Weihnachten mit der buckligen Verwandtschaft.
2007 – En 2002, j’écris Umbala, que nous chantons au mariage d’un bon ami. Plus tard, plus de cent chorales le chanteront à l’occasion de baptêmes, mariages et enterrements. Une partie du texte est en langage imaginaire, une partie est en xhosa et signifie : Combien j’aimerais être maintenant loin d’ici, près de ma bien-aimée !
2008 – Grundlos eitel, notre neuvième programme, existe aussi en sticker, CD et quatuor. C’est la première fois que nous nous orientons vers le cabaret politique, et nous sommes rapidement invités à toutes les émissions de cabaret. Notre apogée est l’hymne à Ronald Pofalla sur un air de salsa. Je remercie Jan Behrend de Elbtonal pour le formidable remix !
2010 – Après quatre manuscrits non publiés, mon premier livre paraît: Schönen Sonntag! Die 88 besten Geschichten von Leo, Lina und Lukas. Il réunit les chroniques parues depuis le printemps 2009 chaque dimanche en première page du Weser Kurier. Notre mouvement « Parmesan 21 », qui s’insurge contre les paquets de Miracoli ne contenant que 17 g de parmesan, a failli faire céder la multinationale de l’agroalimentaire Kraft Foods (Brême). A failli !
2011 – Comme me le suggère Alfred Schunder du magasin de musique Schunder à Karlsruhe, je commence à éditer moi-même mes partitions. Je publie d’abord ma quatrième Suite Africaine Vitambo vya moyo, dont l’ensemble Pipelife a fait un merveilleusement enregistrement sur son CD Suitecase. Sur la photo, on nous voit tous réunis et heureux après avoir enregistré un autre CD en mars 2017 : Tides and Tunes regroupe mes 16 variations sur une gigue irlandaise.
2012 – Je quitte LaLeLu au bout de 18 ans pour me consacrer entièrement à l’écriture et à la composition. Le 16 juin a lieu l’émouvant concert d’adieu à la Comédie Alma Hoppe, notre « salon », où se sont déroulées toutes nos premières depuis 2000. Merci Jan, Tobi, Stefanie, Sonja, Sanna, Urs, Björn, Robert, Henning, Carsten, Ingvar, Lena, Kerstin, Ali, Lukas et Mine pour cette époque inoubliable ! Deux ans plus tard, à l’occasion des 20 ans de LaLeLu, je monte encore une fois sur scène avec les autres à la Laeiszhalle.
2013 – Ich bin eine Dame, Sie Arschloch! Deutsche Dialoge mitgehört paraît en février 2013 et reste de nombreuses semaines sur la liste de best-sellers du Spiegel. La suite de ce livre, Ich hab dich rein optisch nicht verstanden, devient elle aussi best-seller du Spiegel et arrive sur la short list du titre de livre le plus drôle de 2015. Je remercie Axel Krohn avec qui j’ai eu le plaisir d’écrire ces deux livres !
2015 – Le 11 septembre, mon père Wolfgang Sieg décède. Il a été incroyablement productif pendant des décennies. Il a écrit 21 livres, plus de 40 pièces radiophoniques, le scénario de Karniggels, ainsi que plusieurs milliers de chroniques et de nouvelles – en plus de son poste de professeur à temps complet ! Il a toujours été mon modèle avec son énergie inépuisable, son humour intrépide et son intransigeance artistique. C’est sous le coup de son décès que j’écris le deuxième mouvement de Inxaxheba, The Great Sorrow. La Suite Africaine n° 14 pour contrebasse Der Geschichtenerzähler lui est dédiée.
2016 – L’année des voyages et des créations ! Je voyage en Éthiopie, Ouganda, Afrique du Sud, au Ghana, au Japon, à Hong-Kong et en Chine, et j’assiste à mes créations à Vienne, Bâle, Berlin, Weil der Stadt, Trossingen, Anvers, Bremerhaven et Tokyo. Ici avec le Flanders Recorder Quartet et Saskia Coolen à Anvers, lors de la rencontre de l’orchestre régional de jeunes flûtistes à bec de Bade-Wurtemberg avec l’orchestre britannique National Youth Recorder Orchestra à Weil der Stadt, et avec Takashi Yasui à Tokyo.